Rachel getting married
Un film
de / A movie by Jonathan Demme
Avec / With
Anne Hathaway, Rosemarie DeWitt, Mather Zickel, Tunde Adebimpe…
Des années 90, deux films marquants sont à mettre au crédit de
Jonathan Demme : Le Silence des Agneaux et
Philadelphia, deux “hits”, coup sur coup, qui furent malheureusement suivis d’oeuvres
moins abouties, et mal accueillies par le public et la critique.
Et soudain, voici que Demme revient sur le devant de la scène dans une œuvre écrite par la fille de Sidney Lumet, Jenny Lumet.
Rachel getting married fait partie de ces films, qui, malgré le peu de promotion, arrivent à se hisser dans le panthéon des cinéphiles. Car Rachel getting married est une œuvre réellement majeure dans la filmographie de Demme, et celle de la jeune Anne Hathaway qui trouve ici un rôle lui permettant de révéler son talent, après des films bien moins audacieux, Brokeback Mountain excepté.
La jeune comédienne incarne Kim, jeune femme paumée, qui sort de désintox pour assister au mariage de sa sœur, Rachel. Un retour dans une famille déchirée par un douloureux passé, quelques jours qui vont raviver des souvenirs éteints, des blessures mal refermées.
Filmé caméra à l’épaule, comme un documentaire, constamment aérien, Demme choisit de suivre l’héroïne au plus près, n’épargnant aucune émotion. Ce parti pris cinématographique permet le ressenti des moindres soubresauts émotionnels d’une jeune femme à fleur de peau et de son entourage, qui oscille entre la fragilité et l’espoir amené par le bonheur de cette cérémonie.
Le génie de Demme a été de baigner ce film au sujet profondément dramatique, dans l’allégresse d’un mariage romantique, mais surtout habité d’une musicalité exceptionnelle, imprégné de ce rayonnement somptueux qu’amènent les cordes et percussions. Film aux multiples facettes, osant le mariage interracial, pas par effet de mode mais justement comme quelque chose de tout à fait normal, le cinéaste puise dans l’école du Dogme, on pense à Festen pour cette du repas où Kim met sur le tapis un certain nombre de faits devant les familles des futurs époux, et a su allier la puissance dramatique de certaines scènes avec l’humour insouciant de petits moments de vie qui font écho à nos propres existences.
Aux côtés de l’épatante Anne Hathaway, des comédiens au diapason, dont Tunde Adebimpe, dont la présence magnétique et le timbre imprègnent un peu plus le film de sa musique si particulière.
De musique il est question, souvent, et le film baigne du début à la fin dans une ambiance musicale soul, classique, moderne, des morceaux complètement intégrés à l’histoire et qui ne sont pas simplement collés sur les scènes mais qui en font l’âme véritable. Violon, guitare, saxophone, le talent qui vient caresser vos oreilles.
Œuvre surprenante, touchante, profondément humaine, Rachel getting married vous fera sourire, pleurer sans doute et taper du pied au rythme de sa musique.
A ne pas manquer !
Arnaud Meunier
21/04/2009